Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Toujours Loin
25 mars 2015

Glisse

09H49

 

_9__by_virginval-d8hfgha

 

La journée d'hier ne s'est pas déroulée comme prévu. Pour changer. Avant le train, j'ai tourné en rond comme jamais. Je n'étais capable de rien, j'attendais juste que l'heure de partir sonne enfin. Incapable de me poser, me calmer, faire quelque chose.

Enfin, j'ai pu sortir, prendre mon train et le premier tram. Arrivée en centre-ville, je commence à réaliser qu'il y a un souci. Les panneaux affichent qu'il y a eu un incident pile à mon arrêt devant les bâtiments du réseau, et que le tram pour s'y rendre ne circule plus. Je suis en retard, je ne connais pas le chemin et même en y allant à pied, y'a pas mal d'arrêts, je n'arriverai pas à l'heure. Une vague de fatigue me submerge. Comme lorsque je lis que mon train est supprimé. Je m'énerve, je les appelle, on me passe ma coordinatice qui s'excuse : on en a entendu parler, j'aurais dû vous prévenir si j'avais su qu'ils avaient complètement coupé le tram... Sur le coup, je me dis, ça, c'est quelqu'un qui se rendait là-bas, quelqu'un pas bien, quelqu'un qui s'est jeté sous le tram, alors que les pompiers passent en trombe devant moi. Peut-être que oui, peut-être que non. Je manque de me rendre dans une rue commerciale et dépenser l'argent que je n'ai pas en fringues pour me calmer, car je suis survoltée, et soudain je n'ai plus peur des autres. J'ai souvent remarqué ça, quand je suis énervée, la peur se dissipe. J'ai souvent essayé de m'énerver pour obtenir cela, d'ailleurs, mais ça ne marche pas vraiment quand à la base on est nullement en colère.

Je reprends le tram, j'arrive à chopper un train rapidement et je rentre, crevée quand je redescends de ma haine. Déçue. Je voulais aller au groupe, et au RDV avec ma coordinatrice, ça allait pas bien, j'en avais besoin. Je n'y arriverai jamais, je vais assister à trois séances sur douze à ce train là... Mais surtout j'avais tant besoin d'y être. Je suis coupée dans mon élan, à croire qu'il y a un destin qui est contre-moi, à force. J'ai dû être très vilaine dans ma vie précédente, me dis-je avec ironie, pour avoir la poisse comme ça, perpétuellement.

Le soir arrive lentement, très lentement, je tourne encore, entre mes idées noires et mon impatience. Je me sens mal. Je ne vois que cela devant moi, ce que les idées noires me chuchotent : pas besoin de faire d'efforts, de lutter, tu vas mourir. J'essaie de me calmer, je prends un lexomil. Mais ça tournoie. Les idées noires continuent de parler. "Soit tu iras au barrage quand tu auras la voiture, soit tu vas prendre ton courage à deux mains et te pendre. Ca durera pas éternellement, la souffrance, et beaucoup sont morts comme ça. Oui, je sais, tu ne peux pas faire ça à tes proches, à lui, tu ne peux lui faire revivre ça, alors trouve un moyen, fais-toi haïr, disparais pendant un mois avant de le faire. Ou arrête de penser aux autres. C'est ta vie, c'est ta mort."

RDV psy le soir venu, pas mal de retard.

Les discussions partent sur je ne sais plus quoi, mes impulsions, ma difficulté à gérer la "frustration" au niveau affectif, le fait que je n'ai envie de rien. J'aimerais stopper les conversations, et dire, je suis mal, je ne pense qu'à la mort. J'espérais qu'il verrait mon teint fatigué, mes vêtements noirs, mon mutisme. Qu'il me tendrait une perche comme la dernière fois : ça a pas l'air d'aller ? Il me dit de sortir le plus souvent possible, même pour faire le tour du bled. Je tends ma carte vitale et je regrette n'avoir pu dire combien le suicide est devenu obsessionnel. Combien ça trotte dans ma tête. Combien ça me terrifie, aussi. Tellement.

Je me jure de le dire tout de suite la semaine prochaine, si ça continue.

Hier soir, au retour, j'étais triste. Pas envie d'être, ni d'être demain, ni d'être après demain. Envie que ça s'arrête un peu. Ou complètement. Ce matin, je ne voulais pas sortir du lit. D'un côté, je me disais bouge toi, sors de ce lit, et de l'autre, j'avais pas envie de vivre cette journée, de me forcer, de faire des efforts. Les idées noires dès le réveil. Envie de rien.

Jeudi, RDV thérapie des schémas avec celui que j'aime. Le thérapeute veut lui parler de ma "peur de l'abandon", schéma le plus actif dans mon cas visiblement. Lorsque j'avais expliqué que je ne me coupais plus parce que celui que j'aime me disait : tu te coupes, je te quittes, le thérapeute avait bondi. Mais c'est destructeur pour votre schéma d'abandon ! J'ai pas tout saisi, on verra bien jeudi soir les explications. Du reste, je ne sais de quoi sera fait aujourd'hui, surtout que je ne crée plus, je ne sais plus faire, je prends mes régulateurs d'humeur bien sagement, je vis dans une bulle vide et sans émotion. Je sais juste que je n'ai pas envie. Que je voudrais me recoucher et dormir pendant des jours entiers.

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Toujours Loin
  • Pour écrire, tenir, attendre Pour voir, colorier, espérer - 28 ans, diagnostiquée bipolaire, borderline, soucis d'anxiété sociale - Je ne sais pas où je vais, mais j'essaie d'y aller. Je veux que demain enfin veuille dire quelque chose.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Catégories principales
Publicité